Un nouveau mécanisme de financement du Fonds mondial signale la sortie de la crise institutionnelle
Samedi 1 décembre 2012
En novembre 2012, le conseil d’administration du Fonds mondial a approuvé un changement radical dans sa façon de financer les programmes de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme dans les pays récipiendaires. La mise en œuvre opérationnelle de ce changement prendra du temps ; c’est pourquoi l’année 2013 sera une période transitoire et de test dans certains pays heureusement pré-identifiés comme étant sous-financés. En 2014, le nouveau mécanisme de financement (NMF) devra avoir été testé et prêt à être pleinement mis en place.
On pourrait regretter la longueur du processus, mais la mise en œuvre du NMF est complexe, car elle prend en compte le point de vue de nombreuses parties prenantes. De ce fait, zeGOgroup accueille très favorablement cette nouvelle manière de servir les pays qui en ont besoin pour deux séries de raisons :
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Les premières sont liées au retour aux principes fondateurs du Fonds mondial :
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Le principe d’additionalité des financements du Fonds mondial est remis en avant en poussant les pays récipiendaires à plus de responsabilités et de transparence dans la gestion et le suivi de leur propre budget public de santé.
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Le NMF, pour pouvoir être pleinement mis en œuvre, devra faire du principe de partenariat la pierre angulaire du processus. En effet, le NMF requerra plus d’harmonisation et de coordination des financements des donateurs, mais il aura aussi besoin d’un indispensable renforcement du soutien technique de la part des acteurs multilatéraux. Pour l’ONUSIDA, RBM et Stop TB, il s’agit là d’une chance unique de renforcer leur soutien pour aider les pays à construire leur « dossier d’investissement ».
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L’appropriation du processus par les pays devra aussi être renforcée, puisque le Fonds mondial alignera ses financements sur le cycle public national, favorisant ainsi la cohérence des apports financiers pour les acteurs de terrain.
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Les autres raisons sont liées à l’attention portée à l’expérience acquise au cours de ces 10 dernières années :
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Le Fonds mondial a trouvé un bon compromis entre la nécessité d’une meilleure prévisibilité des financements et une expression de la demande (besoins) des pays en créant deux voies de financement : une voie indicative favorisant la prévisibilité, et une voie compétitive favorisant la pleine expression des besoins.
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Les pays devront établir des priorités claires de leurs besoins et en conséquence des propositions de programmes pour éviter de dangereux écarts financiers. En cas de surplus financier, les demandes non financées deviendront alors des programmes additionnels prioritaires.
Toutefois, il se pourrait que des pays récipiendaires en profitent pour écarter leur propre société civile et les populations les plus à risque par la même occasion. Le financement indicatif pourrait s’avérer une arme à double tranchant qui permettrait aux gouvernements de couvrir leurs propres besoins financiers en délaissant ceux des ONG ou en reléguant les ONG si bas dans leur échelle de priorités que même l’argent additionnel ne les atteindrait jamais.